écrire

À couper le souffle.


Il était unique, et encore ce cliché était un euphémisme. Je n'en avais jamais rencontré de pareil. Il avait un don pour rendre tout ce qu'il y avait autour de lui plus...vivant et pourtant dieu savait comme il était tourmenté, sombre et  déchiré. Néanmoins, dès qu'il souriait c'était comme si une énergie surnaturelle émanait de lui, il rendait le monde, mon monde, plus doux, plus lumineux. Il me permettait d'enfin...respirer.
Il était tout ce qui faisait que mon monde tournait, avant lui ma vie n'était qu'un enchaînement de jours sans but, dans lesquels je jouais un rôle secondaire, où je n'étais que l'ombre de moi-même.
Je ne me serais jamais douté qu'il soit si meurtri et défoncé car il incarnait en tout sujet le verbe vivre.
Si un mot avait pu être une personne, Cal Jacobsen aurait hérité du gène pur du mot vivre.
Quand il me touchait, ma théorie en était la preuve, il animait toutes les moindres cellules de mon corps, comme si le bout de ses doigts était directement connecté à la base de tous mes mouvements, de toutes mes émotions, de tous mes désirs.
Cal Jacobsen était un artiste, un visionnaire, un génie et je croyais qu'il ne finirait jamais comme toutes ces légendes qu'il adulait. Mais c'est en cette chaude et doucereuse fin d'après midi que pour sa dernière danse, Cal Jacobsen avait incarné pour la première fois depuis que je l'avais rencontré, le mot funeste et ténébreux de la mort. Malgré le fait qu'il ait toujours représenté pour moi la lumière, Cal a toujours été, du plus loin que je me souvienne, fasciné par l'obscurité. Même si j'avais voulu être sa dernière fascination comme il le disait si bien, La Crank River m'avait enlevé cette dernière volonté. Cette satané rivière sans fond.
Contrairement à ce que pouvait penser les gens, je n'étais pas amoureuse de lui, j'étais amoureuse de sa façon de voir le monde, de voir la vie. Il m'avait permis de la voir en couleur, mode haute-définition alors que je la voyais qu'en noir et blanc jusque là.



Étiquette 


Elle se hait, elle se dégoûte et pourtant elle est toujours là. Chaque matin elle se demande quelle fantôme viendra la hanter. La dépression ? Sa chère amie la crise de boulimie ? Ou peut-être son beau père qui viendra à nouveau ouvrir la porte de la salle de bain par inadvertance ?
Elle se hait, elle se dégoûte et pourtant elle est toujours là.

Pour une raison qui m'est inconnu elle m'a toujours fasciné, cette  jeune fille ne m'avait appelé que quelques fois et pourtant sa voix était resté ancrée dans mon esprit. Chaque jeune fille qui m'appelait me faisait inlassablement penser à elle, j'entendais dans leur voix cette détresse qui, quelques mois plus tôt, m'avait totalement bouleversé. Elle avait appelé en larmes le premier soir de ma garde, instinctivement j'avais paniquée quand elle m'avait dit qu'elle avait tracé des sillons sur ses poignets et j'avais ressenti une énorme pression sur ma poitrine quand elle m'avait assuré que ce n'était qu'une étape qui prenait place dans une routine depuis maintenant une année entière. Il fallait avoir le cœur solide mais je n'en étais incapable car cette jeune fille avait l'exacte même voix que cette fille que je connaissais si bien, cette fille avec laquelle j'avais grandit pendant seize ans et cette fille qui m'avait laissé en succombant à ce trop pleins d'émotions noires. Je m'étais alors juré que je ne laisserai jamais une personne se laisser entraîner par les ténèbres et surtout pas cette fille là. Et pourtant j'étais loin d'imaginer que c'était elle qui allait me faire quitter la lumière et me plonger dans un monde qu'elle avait toujours connu, celui de la douleur permanente qui vous bouffe le cœur à en crever. Mais était-ce elle qui m'avait entraîné ou moi qui avait encore une fois plongé consciemment ? Je reste confuse sur le déroulement, cette jeune fille c'est aussi moi, Aliena comme j'aime l'appeler, ma bipolarité. Je ne suis plus qu'une étiquette maintenant, placée dans une cage stérilisée et blanche immaculée.



Délivrance 


Il me hante. Il est là, en permanence dans ma tête comme si chaque mouvement que je faisais et chaque chose que je voyais me ramenait inlassablement à lui. Il m'obsède, je vois encore et encore son regard posé sur moi, cette couleur ci claire qu'elle aurait pu avoir le pouvoir de vous glacer sur place. Mais, moi, elle n'avait fait que me réveiller, m'animer pour la première fois depuis des années. Cette couleur était immédiatement devenue celle de l'espoir à mes yeux, elle avait le pouvoir de me faire bouger, de me faire courir, de me faire vivre mais aussi celui de me détruire, de me blesser et de me faire périr. Il avait animé tous les bons cotés de mon existence mais aussi tous les mauvais, les démons qui me hantaient autrefois et qui m'avaient mise à terre. Je l'avais alors mis sur un piédestal mais je lui vouais également la plus grande des rancœurs, il m'avait libéré et en même temps mise en cage mais il m'était impossible de détourner le regard de ces yeux. Il me regardait comme jamais on ne m'avait regardé et je crois que je n'oublierai jamais le jour où il a posé ses lèvres sur les miennes. Je me sentais hors de mon corps, complètement transportée comme si mes pieds ne touchaient plus le sol. Lui seul avait le pouvoir de me faire baisser ma garde mais il était aussi le seul a avoir le pouvoir de m'anéantir. Il était donc devenu ma plus grande peur mais aussi mon plus grand espoir. L'espoir qu'un jour je ne me ferais plus de mal, qu'un jour je m'accepte et qu'un jour je n'aurais plus envie d'en finir.

Mais un matin il est parti, lui aussi était tout aussi ravagé, il m'a laissé et avec lui il a emporté toutes ces petites pièces de moi qu'il avait réussi à récolter. Je n'avais plus aucun choix alors j'ai...plongé. Puis j'ai nagé jusqu'à ce que je n'ai plus pieds, je me suis alors laissé flotter sur le dos en contemplant le ciel dégagé et en sentant le soleil taper sur ma peau en essayant désespérément de la réchauffer alors que l'eau était gelée. Je sentais la douce brise de fin d'automne planer sur la surface de mon corps et c'est à ce moment la que je me suis laissée aller, et que j'ai goûté aux profondeurs de la mer. C'était libérateur, c'était...ma délivrance.

1 commentaire:

  1. C'est toi qui a écrit ça? Je ne savais pas que tu écrivais! C'est très beau. D'une manière très sombre.
    Et cette dualité de la vie, cette opposition de la couleur et de la noirceur, c'est comme regarder à travers un objectif, et apposer des filtres sur ce que l'on voit... ça change le regard...
    Très belle écriture en tous cas <3

    RépondreSupprimer